Page précédente La lunette de Galilée Page suivante

J.Hormière / février-mars 2002


« À l'aide de cet œil unique, contempler le monde qui est au loin. Par-delà les vagues tumultueuses et leur roulement de tambour, par-delà l'océan vert comme une cire en direction du lavis impeccable d'un horizon qui demeure toujours insaisissable. En direction des limites mêmes de la terre, et au-delà. Cet instrument creux, ce tube qui rapproche ce qui est lointain. Un simple tuyau luisant qui peut aller toucher ce qui est en avant, au loin et dans le futur, et revenir en arrière pour s'enfoncer dans le passé.
L'instrument en question est d'une simplicité déroutante : un étui de cuivre ouvert à chaque extrêmité, et dans lequel on a coincé des gouttelettes de verre. La lumière traverse le verre et en passant elle se plie (si proche est la parenté entre le verre et l'air) et ainsi transformée elle parcourt le long tube du temps. Ses rayons sont rassemblés, comme autant de fils noués en écheveau, exactement comme l'on fait quand on raconte une histoire. De la sorte, ce qui semblait lointain devient proche. Le temps est projeté vers l'infini, vers des étoiles lointaines et mortes. Le passé s'avance, et pendant un instant fugace le présent est à peine illuminé. »

Jamal Mahjoub / Le télescope de Rachid / Babel, Actes Sud 2000





En 1610, Galilée publie le Sidereus Nuncius (le Messager des Étoiles), dans lequel il relate ses observations astronomiques et annonce la découverte de quatre satellites de Jupiter. À partir d'une série de textes classiques et de mes propres réflexions, j'ai essayé de mieux comprendre les conditions de cette découverte et surtout d'approfondir ce que j'appelle, dans l'étude des instruments d'optique, leur logique interne.

N'étant pas à proprement parler spécialiste des textes anciens, ou historien des sciences, et ne connaissant évidemment pas tout ce qui a pu être écrit sur le sujet, il se peut que certaines des idées que je développe aient été déjà énoncées. On conviendra, j'espère, qu'il ne s'agit point de plagiat, mais que la lecture des mêmes textes et la connaissance de la même discipline - à savoir l'Optique géométrique - conduisent peut être aux mêmes conclusions.

Dans tout ce qui suit, les termes lunette et télescope seront considérés comme parfaitement équivalents et se rapporteront à des systèmes optiques comprenant un objectif et un oculaire dioptriques, et destinés à l'observation d'objets éloignés.


1 Le texte du Sidereus Nuncius
2 Une théorie rustique du grossissement
3 À la recherche du diaphragme d'ouverture
4 Les champs de la lunette de Galilée
5 Calcul des champs
6 Observations et mesures de Galilée (1)
7 Observations et mesures de Galilée (2)
8 Van Helden dixit
9 Logique interne de la lunette
10 Les conditions d'une découverte
C Conclusions


Page précédente Page suivante